* Un arbitrage contesté à 403 millions d'euros
* Stéphane Richard assure n'y avoir pris aucune part
* Il dit avoir été choqué par le résultat
par Emmanuel Jarry
PARIS, 20 mars (Reuters) - Le PDG d'Orange ORAN.PA ,
Stéphane Richard, s'est attaché mercredi devant le tribunal
correctionnel de Paris à minimiser son rôle dans l'arbitrage
contesté de 2008 en faveur de Bernard Tapie dans son contentieux
avec le Crédit Lyonnais.
L'ancien directeur de cabinet de la ministre de l'Economie
et des Finances de l'époque, Christine Lagarde, est jugé pour
complicité d'escroquerie et de détournement de fonds publics.
"Je n'ai nullement participé au choix des arbitres (...) Je
n'ai pas participé à l'arbitrage, ni de près ni de loin", a-t-il
déclaré à la barre lors de son premier interrogatoire depuis le
début du procès, dans lequel il comparaît depuis le 11 mars aux
côté de cinq autres prévenus, dont Bernard Tapie.
Stéphane Richard, 57 ans, a dit avoir été choqué à l'époque
par le montant accordé par le tribunal arbitral à l'ancien homme
d'affaires, qui estimait avoir été floué par le Crédit Lyonnais
lors de la vente du fabricant allemand d'équipements de sport
Adidas ADSGn.DE : 403 millions d'euros que Bernard Tapie a été
condamné à rembourser dans le volet civil de cette affaire.
"Comment ces trois arbitres ont pu (...) avoir la main aussi
lourde ?" a dit le PDG d'Orange, qui a assuré avoir alors pensé
immédiatement à un recours en annulation.
Christine Lagarde a décidé de ne pas exercer de recours, ce
qui lui a valu d'être condamnée pour "négligence" par la Cour de
justice de la République, qui l'a cependant dispensée de peine.
Cette décision "a été mûrement réfléchie, personnellement
prise et assumée par Mme Lagarde", a insisté Stéphane Richard,
qui a dit n'avoir joué un rôle qu'en amont de l'arbitrage.
L'accusation lui reproche d'avoir facilité celui-ci, "agi
délibérément et de manière systématique et clandestine dans le
sens des intérêts" de Bernard Tapie, dissimulé à Christine
Lagarde "des éléments factuels essentiels" et écarté les avis
défavorables de l'Agence des participations de l'Etat (APE).
Autant d'accusations qu'il s'est employé à réfuter. Il a
ainsi fait valoir qu'il n'avait aucune connaissance particulière
de cette affaire et de ses protagonistes lors de sa nomination
comme directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo, puis de
Christine Lagarde, après l'élection présidentielle de 2007.
"DOSSIER SENSIBLE"
Il en a été saisi dès son arrivée à Bercy, où il devait
notamment suivre les participations de l'Etat.
"C’était un dossier sensible à cause de la personnalité de
Bernard Tapie et du souvenir du Crédit Lyonnais, qui a coûté
près de 20 milliards d’euros à l'Etat", a-t-il expliqué.
Mais un dossier parmi beaucoup d'autres en ce début de
quinquennat de Nicolas Sarkozy et à quelques mois de la plus
grave crise financière internationale depuis 1929.
Il a rappelé en quoi consistait le rôle "assez ingrat" d'un
directeur de cabinet, rouage essentiel d'un ministère comme
celui des Finances, la "voix du ministre", certes, mais sans
"aucun pouvoir décisionnel" - "Vous me taillez un costume un peu
trop grand", lancera-t-il à l'un des procureurs.
Il a rejeté l'idée qu'il ait pu mener une "instruction
parallèle" de ce dossier ou donner des consignes dans le sens
d'un arbitrage dont l'idée ne venait pas, selon lui, de l'Etat
mais du consortium de réalisation (CDR) chargé de gérer le
passif du Crédit Lyonnais et aujourd'hui partie civile.
Cette idée bénéficiait d'un préjugé favorable au sommet de
l'Etat parce qu'on y voyait une "solution de bon sens" pour
mettre un terme à des années de procédures, a-t-il fait valoir.
"M. Nicolas Sarkozy ne m'a jamais parlé de ce dossier" mais
"on peut penser" qu'il a été associé à la décision de recourir à
l'arbitrage, a-t-il ajouté.
Son principal accusateur est l'ancien directeur de l’APE,
Bruno Bézard. "Il est évident que l'APE se donne le beau rôle en
se présentant en gardien de l'orthodoxie", a-t-il ironisé.
Mais "il n'y a rien d'anormal dans le traitement de ce
dossier", s'est-il défendu. "J'ai pris quelques initiatives mais
je ne vois pas en quoi ça peut constituer un quelconque délit."
"La vraie question, c'est celle de ma responsabilité. Quand
on exerce des responsabilités publiques, on est amené parfois à
prendre des décisions qui ont des conséquences malheureuses",
a-t-il ajouté. "Est-ce que j'ai fait correctement mon travail de
directeur de cabinet ? La réponse est oui, même si on ne peut
pas être satisfait du résultat. C'était une défaite. Comment
peut-on être content d'une défaite ?"
(Edité par Yves Clarisse)
Le PDG d'Orange minimise son rôle dans l'arbitrage Tapie
information fournie par Reuters 20/03/2019 à 19:32
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